Les humains ont colonisé la planète entière et le vivant, et modelé l’environnement physique et biologique à tel point que l’on parle de la période actuelle comme d’une nouvelle ère géologique : l’anthropocène.
Nul besoin de rappeler ici que cette évolution, si elle a permis la considérable amélioration des conditions de vie humaines, présente aujourd’hui des aspects plus qu’inquiétants avec le réchauffement climatique, l’appauvrissement des ressources, l’explosion démographique, la réduction drastique de la biodiversité, la pollution des milieux, etc.
Et par ailleurs, fait beaucoup moins évoqué, l’Humain contemporain habite aujourd’hui une « réalité » par lui construite et en grande partie virtuelle. Une grande partie de ce qui nous détermine n’a pas de réalité tangible. Il en est ainsi de la monnaie, des nations, des religions, des institutions, des sociétés, des valeurs telles la justice, l’égalité, la liberté… Elles tirent leur puissance de nos croyances en elles, de la confiance que nous leur portons.
Or cette réalité virtuelle qui participe à notre pouvoir et à notre confort, est faite aujourd’hui de systèmes interplanétaires géants semblant échapper à tout contrôle par leur globalisation dépersonnalisée, par l’importance qu’ils ont prise dans nos vies et par leur énorme puissance liée à la capacité de collecte et traitement de l’information : Internet, les « géants du web » ou GAFA, le système bancaire et boursier international, tout le système de production et d’échange international, etc. Ces systèmes conditionnent nos modes de vie et de pensée dans une inflation consumériste de biens, de services et de messages.
Ces transformations se sont opérées en un temps extrêmement bref, soit quelques siècles, par rapport au temps de l’humanité qui est, lui, de plusieurs centaines de milliers d’années. Et bien qu’elles soient la résultante de l’activité humaine, il apparaît aujourd’hui nettement que nous sommes incapables de les contrôler.
Ceci soulève des questions, sinon des craintes. Ne serions nous pas en présence d’un processus chaotique, imprédictible, irrépressible, pouvant mener à une double catastrophe :
- une catastrophe écologique rendant notre environnement de plus en plus inhabitable,
- une catastrophe sociétale, une dystopie digne du roman « 1984 » de George Orwell, faisant de l’humain un esclave producteur – consommateur décérébré.
