Laquelle de ces répartitions de points est vraiment aléatoire ?

Si vous avez choisi la 2ème vous avez perdu. Celle-ci est trop équirépartie. La répartition réellement aléatoire est la 3ème à partir de la gauche. Elle montre une répartition inégale avec des grumeaux.
Le hasard produit localement et aléatoirement des accumulations. Interviennent alors, dans le monde physique, des phénomènes supplémentaires : ces accumulations se traduisent par une intensification des interactions entre éléments et l’émergence de propriétés particulières, lesquelles biaisent – « pipent » – localement le hasard.
On peut imaginer l’effet de ce pipage du hasard par l’exemple suivant. Enregistrez les résultats d’une grande quantité de jetés de dés et vous obtiendrez une suite aléatoire de chiffres de 1 à 6. Mais si les dés sont « pipés », c’est à dire déséquilibrés, alors, bien que la suite obtenue vous semble toujours aléatoire, certains chiffres y apparaitront au total plus souvent que d’autres. Cela ne ressortira que sur un nombre important de tirages.
On arrive ainsi à la 4ème répartition de points de la figure précédente. Celle-ci montre le résultat de ce « pipage » local du hasard par des propriétés émergentes, en l’occurrence une accumulation de plus en plus concentrée autour d’une valeur centrale, la valeur « normale ». Les statisticiens appellent ce type de distribution, Loi normale.
Le phénomène que nous venons de décrire est la source de tout l’existant.
- Nous l’observons dans la formation des structures du cosmos : l’accumulation locale aléatoire des éléments et l’émergence des forces de gravitation qui s’ensuit, produisent amas interstellaires, galaxies, étoiles, planètes, etc.

- Il est la matrice des mécanismes de l’évolution des espèces : le hasard des mutations est biaisé par les probabilités de survie offertes par le milieu à ces mutations.
- Il s’applique plus généralement à tous les mécanismes de sélection darwinienne configurant nos organes : le hasard de la division des cellules est biaisé par la programmation génétique.
- Il a notamment été documenté à propos du vivant par le biologiste et prix Nobel Jacques Monod dans son essai « Le hasard et la nécessité » dont le titre est tiré d’une citation de Démocrite.
« Tout ce qui existe dans l’univers est le fruit du hasard et de la nécessité »
Démocrite (460 – 370 AEC)
Note : Le terme nécessité, dans son assertion philosophique, désigne ce qui est déterministe. En l’occurrence ici les lois émergentes « pipant » (biaisant) le hasard.