Naître gagnant

Liberté : approche empirique biologique

Des noceurs hurlent à la dictature parce qu’afin de lutter contre la pandémie l’Etat leur impose un pass sanitaire pour aller s’entasser en boîte de nuit. Au nom de la liberté des féministes manifestent pour que d’autres femmes, contraintes par leur religion à porter le hijab, puissent non pas s’en libérer mais jouer au football avec. Des politiciens libéraux surpassent les garde-fous démocratiques en accordant leurs parrainages pour l’élection présidentielle à des candidats fascistes prônant l’uniformisation des mœurs…

Ce concept de Liberté est passablement mis à beaucoup de sauces douteuses, politiques, philosophiques, religieuses, morales ou idéologiques.

A – Une approche scientifique empirique de la Liberté

Débarrassons-nous de l’incomplétude et des contradictions de ces utilisations manipulatoires en adoptant une démarche scientifique basée sur une vision empirique de la liberté. Considérons pour cela les ressentis physiologiques (hormonaux) de liberté et de non-liberté et analysons-en les « quand » et les « comment ».

B – Le sentiment de liberté

B1 – Quand se manifeste-t-il ?

Le sentiment de liberté émerge chez un sujet lors du passage de ce sujet d’un état contraint à un état ouvert :

  • L’état contraint l’est par des forces extérieures naturelles, sociétales, sociales ou morales, ou par son auto assignation, morale ou exécutive, obligeant le sujet à n’avoir que des activités pour lesquelles il n’a pas d’appétit.
  • L’état ouvert l’est par l’évacuation des contraintes précédentes, donnant ainsi la possibilité de saisir de nouvelles opportunités encore inconnues.

B2 – Comment se manifeste-t-il ?

Le sentiment de liberté se manifeste physiquement par une attitude commune, reconnaissable sur les illustrations qui le représentent : le redressement du corps psychologiquement libéré du poids des contraintes antérieures, la tête en arrière soulageant la colonne vertébrale, le gonflement du torse respirant pour se préparer à toute nouvelle éventualité, l’ouverture des bras accueillant le futur. Sur de telles illustrations le sujet y est représenté seul (la société est une contrainte) et le plus souvent face à un paysage ouvert immense.

La récurrence de ces représentations et leur commune interprétation par le public plaide pour la réalité objective du sentiment de liberté. Celui-ci se traduit émotionnellement par un sentiment positif mêlant joie et sensation de puissance et par l’attention consciente du sujet portée sur son corps (reprise de possession de son corps).

B3 – Liberté : un mécanisme physiologique utilitaire légué par l’évolution

La réalité de ce sentiment donne à penser qu’il nous a été légué par l’évolution biologique afin de nous inciter à prendre des risques pour sortir du cadre lorsque celui-ci devient trop pesant. Ce qui favoriserait la diffusion mais également la survie de l’espèce en l’amenant à trouver aléatoirement d’autres environnements favorables avant que le premier ne s’épuise.

Et ceci est en effet corroboré par diverses observations neuroscientifiques :

  • Analysant les circuits neuronaux de la décision chez différentes espèces dont l’humain, Thomas Boraud, directeur de recherches au CNRS, montre que les décisions sont d’abord aléatoires pendant la phase d’apprentissage (la liberté de l’enfant !) puis de plus en plus autoprogrammées par les expériences de vie, mais qu’il subsiste toujours, chez toutes les espèces, une part constante d’aléatoire venant contrevenir aux comportements acquis (cf. Thomas Boraud – Matière à décision – CNRS éditions – 2017).
  • Le passage volontaire d’un état contraint à un état ouvert semble correspondre au passage exploitation – exploration – passage d’un état d’exploitation du milieu à un état d’exploration de l’environnement – observé chez de nombreuses espèces et décrit par le Pr Paul Cisek (cf. Paul Cisek – Resynthesizing behavior through phylogenetic refinement – 03 June 2019).

C – Le sentiment de non-liberté

Ayant décrit le sentiment de liberté d’un point de vue empirique, nous procéderons de même avec le sentiment de non-liberté.

C1 – Quand se manifeste-t-il ?

Le sentiment de non liberté émerge chez un sujet avec la conscience qu’il est contraint, par des forces extérieures naturelles, sociétales, sociales ou morales, ou par son auto assignation, morale ou exécutive, à n’avoir que des activités pour lesquelles il n’a pas d’appétit.

On pourra rencontrer ce sentiment de non-liberté dans des situations beaucoup plus courantes et moins extrêmes que celles habituellement relatées dans la littérature :

  • La vie « métro-boulot-dodo » de celui dont les faibles revenus ne lui laissent d’autre alternative que celle d’une existence morne et monotone entre un travail sans intérêt, les transports en commun et des soirées à s’endormir devant la télé.
  • La charge mentale des mères de famille seules responsables de l’organisation des horaires, des routines familiales, des événements familiaux, de l’entretien du foyer, du bien-être émotionnel des enfants, de l’encadrement scolaire, etc. Un exemple d’auto assignation morale et exécutive touchant toutes les classes sociales.

C2 – Comment se manifeste-t-il ?

Le sentiment de non liberté se traduit par l’apathie (absence de motivation, de désir, état dépressif, lassitude physique et mentale). L’attitude physique correspondante est celle de la tête basse, visage fermé, regard baissé, du dos voûté, de la cage thoracique comprimée.

La liberté – votre liberté – c’est la capacité d’exercer cette pulsion biologique léguée par l’évolution des espèces consistant à quitter les occupations pour lesquelles le sujet n’a plus d’appétit.

Il reste pour chacun à se créer les conditions de cette capacité, qu’elles soient physiques, sociales, économiques, intellectuelles, etc.

La liberté, cela se construit dans la durée…