Nous vivons un monde d’affordances

« Affordances » ? Un néologisme anglais très utile pour décrire les comportements du vivant dont les nôtres.

Ouvrant votre frigo vous ne voyez pas ce cylindre blanc de diamètre 9 cm, de hauteur 25 cm, s’amincissant au sommet pour aboutir sur un petit cylindre rouge de diamètre 4 cm et de hauteur 1,5 cm.
Cela ce serait une vision objective, c’est-à-dire considérant les choses pour ce qu’elles sont dans l’absolu, mettant à distance toute utilité ou signification.

Bouteille de lait
Un cylindre blanc surmonté d’un cylindre rouge ou… une bouteille de lait ?

Non, ce que vous voyez c’est une bouteille de lait dont vous anticipez la saveur et la fraîcheur du contenu, qui vous tend les bras, et vous invite à la saisir d’une main et à l’ouvrir en tournant son bouchon rouge de l’autre.
Cela c’est la vision subjective, c’est-à-dire considérant les choses d’un point de vue de leur utilité, de leur signification pour soi-même (le sujet).

Comme l’illustre cet exemple, nous avons du Monde des représentations subjectives, utilitaires. Et c’est là un phénomène naturel de survie.

Se contenter de peu est en effet un avantage dans la compétition entre espèces et individus. Aussi les mécanismes de l’évolution favorisent-ils une correspondance parcimonieuse entre les capacités des espèces et leurs biotopes.

De cette parcimonie n’émergent que des comportements perception-action utilitaires. Chacun ne perçoit au prime abord que les potentialités d’utilisation, et cette perception porte en elle le mode d’utilisation, invite à cette utilisation, déclenche automatiquement l’action. C’est ce qu’en sciences du comportement on appelle « affordances ».

Programmées phylogénétiquement par l’évolution (un humain et un cheval n’ont pas le même rapport aux choses) et ontogénétiquement par l’expérience (nous voyons ce que nous avons appris à voir), les affordances sont subjectives, propres à chaque espèce et individu.

Ainsi au cours de son développement l’individu apprend à identifier par un minimum de critères les choses lui ayant été bénéfiques, celles lui ayant été néfastes, et à les associer aux connaissances, émotions et souvenirs relatifs issus de ses expériences. Chaque individu se construit ainsi une représentation subjective et utilitariste du Monde composée des éléments s’étant révélés biologiquement significatifs pour lui.

Chacun de nous vit un monde subjectif d’affordances.

Pour continuer notre exemple, la vue du lait en bouteille, en pack ou en verre, la lecture ou l’audition du mot « lait », la saveur du lait, la vue d’un veau en train de téter, etc, vont instantanément provoquer chez l’amateur de lait à jeun, le désir de sa consommation (processus pavlovien) et initier l’action destinée à le satisfaire.

Le cerveau n’est pas un ordinateur algorithmique avec traitement sériel perception ->analyse -> décision ->action. Le cerveau a un fonctionnement connexionniste et les stimuli issus de la perception des affordances se propagent simultanément (en parallèle) et concurremment dans les circuits neuronaux pour aboutir aux différents muscles entraînant les actions.

Le cerveau ne réfléchit pas avant d’agir : la perception de la bouteille de lait, correspondant au besoin biologique exprimé par le corps, commande directement les muscles qui vont permettre de saisir la bouteille et de boire. La conscience du désir et de l’action émerge ensuite.

Définitions : phylogénétique, épigénétique, ontogénétique

  • Phylogénétique : représente la filiation génétique des espèces – à travers l’Évolution biologique – et des individus pour aboutir au génome de l’espèce et au génotype de l’individu.
    Le génotype est présent au niveau de chaque cellule. Il porte les potentialités de développement de cette cellule pouvant conduire à une structure du corps avec ses différents organes.
  • Épigénétique : représente la différenciation dans la lecture du génotype de chaque cellule, activant certains allèles et en inhibant d’autres, pour conduire aux développements différenciés des différents organes et de leurs cellules, exploitant ainsi les potentialités du génotype.
    L’épigénétique mène également à des modifications structurelles et fonctionnelles du corps sous l’effet de son environnement, y compris prénatal.
    Le génotype propose, l’épigénétique dispose !
  • Ontogénétique : représente le développement et l’évolution progressifs d’un organisme depuis sa conception jusqu’à sa mort, tant au point de vue physiologique que cognitif.

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