On appelle généralement jeu, une activité exécutée pour le plaisir mais n’ayant pas de nécessité vitale.
Le jeu a été observé chez de nombreuses espèces, notamment mammifères et oiseaux mais également chez les pieuvres. Certains groupes comme les prédateurs, les primates, les mammifères marins et les équidés jouent nettement plus que d’autres. De plus chez toutes les espèces non humaines les jeunes jouent plus longtemps que les adultes (d’un facteur compris entre 10 et 100).
La plupart des jeux semblent imiter superficiellement des activités sérieuses propres à l’espèce telles la chasse, le sexe, l’agression. Mais la caractéristique importante du jeu le différenciant de l’activité qu’il imite est la sécurité : l’échec au jeu n’a pas les conséquences de l’échec dans la réalité ; le jeune prédateur échouant au jeu de la chasse sera nourri par ses parents.
Le jeu introduit donc une « deuxième réalité ». Dans cette réalité, la vie continue comme si c’était la « réalité primaire », mais avec la belle différence que chaque fois que je n’aime pas ce qui se passe, j’arrête simplement le processus et je m’en vais, ou je le recommence. Le jeu permet donc de vivre plusieurs alternatives comportementales. Ceci rapproche le jeu de la rêverie (le mode par défaut du cerveau) lorsque nous nous imaginons opérer dans différentes situations. Mais le jeu fait intervenir le corps, les obstacles sont réels, et la sécurité n’est pas absolue.
L’apparent gaspillage d’énergie du jeu ne pourrait être aussi omniprésent dans la nature s’il n’était compensé par un gain important allant au-delà du plaisir immédiat procuré par le jeu et qui n’est qu’un incitateur sans bénéfice homéostatique. Ce gain est de plusieurs ordres :
- Le jeu est un entraînement éducatif construisant des savoir-faire, des automatismes, augmentant ainsi l’efficacité du sujet dans la vie réelle.
- Cet entraînement a lieu dans un environnement physique présentant les caractéristiques de la Réalité sans en présenter tous les dangers.
- En donnant l’occasion de tester sans danger plusieurs alternatives y compris les plus inhabituelles, le jeu permet de découvrir par hasard ou d’inventer, puis de tester empiriquement, de nouvelles pratiques inédites.
- Le jeu associe des comportements du sujet à des événements externes sans qu’il en résulte des conséquences immédiates. Il inculque ainsi la distinction entre des gains immédiats et des gains plus lointains et éduque à l’anticipation.
Références :
- Boris Kotchoubey (2018). Human Consciousness: Where Is It From and What Is It for. [Frontiers of Psychology] [Pub Med]