Léguer, construire, se construire : les motivations d’un blog
« Il est trois temps dans la vie :
- celui où l’on se construit
- celui où l’on construit
- celui où l’on lègue. »
Non. En fait c’est plus compliqué que cela. On va retrouver ces trois temps dans chacune des activités de son existence, familiales, professionnelles, associatives, militantes… et ce, évidemment, de manière non synchrone. Et donc, à un moment donné de son existence, on pourra se trouver à la fois en train de commencer un apprentissage dans un domaine, de construire une activité dans un autre, ou de former ses successeurs dans un troisième. Et lorsqu’on est quelqu’un d’actif avec de multiples centres d’intérêt, ces temps vont se multiplier dans un joyeux mélange tout au long de la vie.
D’autant qu’en fait, apprentissage et construction sont mêlés : on n’apprend qu’en faisant. Et donc également, on forme ses successeurs en construisant avec eux. Et de même, léguer c’est, d’une certaine manière, construire. Et c’est aussi apprendre de l’autre, la condition d’une bonne transmission étant l’humilité et l’attention à l’autre.
Je construis ce blog à 70 ans, après une vie bien remplie, et avec l’envie forte de léguer aux autres, famille, amis, tiers inconnus… Peut-être avec le secret espoir que mes petits enfants le liront un jour… Et en même temps j’éprouve un grand plaisir à le construire. J’y mets le plus grand soin dans l’aspect, l’écriture, le fond. Et en même temps, ce soin m’amène à explorer, à me former, à apprendre. Et j’espère bien également avoir des retours constructifs de mes lecteurs éventuels… mes légataires !
Inviter au grand large : les exigences d’une construction
Je suis un héritier du constructivisme : la « vérité » n’existe pas, elle est une construction sociale, ou alors elle est inatteignable. Seul le résultat d’une construction collective (telle la démarche scientifique ou Wikipédia) peut faire l’objet d’un consensus élargi et prétendre au qualificatif de « connaissance ». Ce qualificatif est toujours provisoire et pourra être remis en cause par la moindre observation tangible contraire pour redevenir « croyance ».
Je me garderai donc bien de toute affirmation ou affect personnels (même si je n’en pense pas moins) et apporterai un maximum d’informations sur les sources de ce que j’avance. De quoi bâtir une construction solide capable d’affronter le grand large.
Car il nous faut affronter le vertige de ce vide et pour cela retrouver le désir d’apprendre et d’entreprendre de notre enfance. Car il y aura plus de questionnements que de réponses, celles-ci par ailleurs n’étant jamais définitives (mais le questionnement n’est-il pas plus fécond que la réponse ?)
Il nous y faudra donc de l’envie. Or nous savons, depuis les travaux du neuroscientifique Antonio Damasio (« L’erreur de Descartes : la raison des émotions » – 1995), qu’il n’y a pas de raison sans émotions : ce sont les émotions qui viennent activer nos circuits cognitifs lesquels vont tirer les liens de notre mémoire, les mettre en correspondance, pour construire nos déductions et nous inviter à l’action. C’est par le partage de nos émotions également que nous pouvons faire vivre à d’autres nos expériences et par là nos connaissances. D’où l’importance que nous donnerons aux arts, plastiques, danse, musique, poésie, littérature… pour venir titiller nos neurones.
Informations sur l’auteur
Joseph Fornés, est né en 1947 dans le Gers, au sud-ouest de la France, de parents réfugiés républicains espagnols. Enfance campagnarde et libre, adolescence studieuse. Retraité depuis 2010 après une carrière internationale d’ingénieur dans différents domaines et activités variées. Trilingue français-espagnol-anglais. Il a également, en parallèle, assuré à titre bénévole pendant 15 ans le commissariat artistique d’expositions d’art contemporain, et construit ses maisons de ses mains. Montagnard pyrénéen, créatif, passionné, touche à tout, avide de connaissances, esprit libre et constructiviste, il s’intéresse plus particulièrement aujourd’hui aux sciences humaines et notamment aux sciences neurocognitives. Epoux, père, et grand-père.