Executive decision maker

En finir avec le Libre-arbitre

…les hommes se croient libres pour cette seule cause qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par où ils sont déterminés; et, en outre, que les décrets de l’esprit ne sont rien d’autre que les appétits eux-mêmes et varient en conséquence selon la disposition variable du corps.

Baruch Spinoza – Ethique – partie 3, proposition 2 – (1677)

Résumé de l’article

Il est des questions définitivement sans réponse dans le paradigme qui les a vu naître. Que l’on change de paradigme et ces questions disparaissent, non parce qu’une réponse leur y est trouvée mais parce qu’elles n’y ont plus de sens. La sempiternelle question du libre arbitre est de celles-là.

Le concept de libre-arbitre est un artéfact théologique des seules sociétés occidentales (cf. Wikipédia – Libre arbitre – Histoire) et qui identifie chacun à un esprit omnipotent (l’âme des croyants).

Ce concept s’inscrit donc dans un paradigme dualiste cartésien. Ce qui nous fait entrer dans un cadre métaphysique, étranger à toute vérité empirique (vérité-correspondance avec la Réalité), nous cantonnant dès lors à l’incomplétude d’une vérité-cohérence construite sur le seul raisonnement logique. Or tout système logique n’est rien d’autre qu’une construction sémantique basée sur des axiomes et des règles logiques, traductions d’une causalité supputée. Et nous savons, depuis que Gödel offrit au monde ses fameux théorèmes d’incomplétude, que tout système logique est soit incomplet (il y manque des axiomes et certaines assertions n’y sont pas démontrables), soit contradictoire (il y a trop d’axiomes et l’on peut y démontrer une chose et son contraire).

Le concept de libre arbitre n’échappe pas à la règle, souffrant soit d’incomplétude soit de contradiction suivant les définitions qu’on lui donne : par exemple, que peut l’omnipotence d’un esprit sans la connaissance ? Mais la connaissance n’est-elle pas un déterminisme ?

L’adoption du paradigme matérialiste scientifique efface tout concept d’esprit et de libre arbitre. Elle nous offre en échange une théorie du fonctionnement humain vérifiable empiriquement, et constituant par conséquent une représentation vraie, donc efficiente, de la Réalité (vérité-correspondance avec la Réalité) résumée ici :

  1. Le cerveau reçoit et traite en parallèle une quantité considérable d’informations provenant de nos sens internes et externes, et il en déduit et active les comportements les plus appropriés pour notre survie et la reproduction de nos gènes en utilisant ses heuristiques de jugement (automatismes acquis).
  2. Ces heuristiques de jugement du cerveau sont les fruits du hasard, de sa programmation génétique et de son auto-programmation par essais-erreurs au cours des expériences de vie. Le cerveau est une machine apprenante mais son fonctionnement est probabiliste et fonction de ses apprentissages.
  3. Ce fonctionnement est automatique et NON CONSCIENT.
  4. Il donne cependant lieu à la production d’une suite consciente d’expériences sensorielles (images, sons, odeurs, sensations internes, émotions, fragments de monologue intérieur) construites soit à partir des perceptions immédiates soit à partir d’expériences antérieures. Il s’agit là d’un épiphénomène (n’intervenant pas dans l’action immédiate), un qualia, que le sujet peut rapporter à lui-même et à autrui.
  5. L’avantage reproductif pour l’espèce humaine de cette conscience rapportable est la capacité qu’elle lui confère de, collectivement, conceptualiser ses savoirs et planifier ses actions.

Admettre enfin l’inexistence du libre arbitre nous positionne dans le réel, et nous révèle la matérialité et la globalité de notre identité comme phénomène corps-cerveau-environnement. Nous n’y perdons qu’une illusion, celle de notre liberté dans la détermination du sens de notre vie. Ce que nous y gagnons par contre, c’est la vérité de nos motivations, leur correspondance avec la réalité de ce que nous sommes.

Libre arbitre : un concept brumeux dans un paradigme dualiste implicite

De multiples définitions incomplètes ou contradictoires

Difficile de trouver une définition du libre arbitre sans auto-référence, qui soit précise, complète et non contradictoire, ce qui en soi questionne la validité du concept lui-même. Voici par exemple quelques-unes des définitions trouvées sur des sites français et anglo-saxons et leur critique :

  • « Le libre arbitre est la capacité des agents à choisir sans entrave entre différents modes d’action possibles. » (Wikipédia anglais)
    Selon cette définition, tout organisme vivant doté d’un cerveau serait également doté de libre arbitre.

  • « Le libre arbitre est la capacité de faire des choix non déterminés par des événements passés. »
    Selon cette définition, jouer sa vie aux dés serait expressément exercer son libre arbitre.

  • « Le libre arbitre est la capacité de prendre des décisions rationnelles. »
    Voilà qui écarte toute décision spontanée et limite considérablement le domaine du libre arbitre.

  • « Faculté par laquelle la volonté se détermine à une chose plutôt qu’à une autre indépendamment des déterminations extérieures à elle-même. » (Wiktionnaire)
    Autoréférencé par la définition de la volonté (en lien) : « Faculté de vouloir se déterminer à quelque chose ».

  • « Le libre arbitre est la faculté qu’aurait l’être humain de se déterminer librement – ou alors arbitrairement – et par lui seul, à agir et à penser, par opposition au déterminisme ou au fatalisme, qui affirment que la volonté serait déterminée dans chacun de ses actes par des « forces » qui l’y nécessitent. Se déterminer à ou être déterminé par : tel est tout l’enjeu de l’antinomie du destin et du libre arbitre. » (Wikipédia français)
    Ne définit le concept que par opposition au concept de déterminisme : si le déterminisme n’a pas de sens le libre arbitre n’a plus de définition.

Constatons que toutes ces définitions se placent dans un paradigme dualiste esprit-matière (plus exactement un dualisme cartésien) dans lequel les idées auraient une existence propre non soumise aux lois de la Nature, à côté de la réalité matérielle.

Il se trouve même un certain nombre de scientifiques, pourtant matérialistes, mais qui, refusant de renoncer simultanément et contradictoirement à leur supposé libre arbitre comme au supposé déterminisme de l’Univers, se positionnent dans un dualisme qui ne dit pas son nom en utilisant les mystères de la conscience, quitte à y ajouter des spéculations aussi fantaisistes que la physique quantique des neurones ou les multi-univers de Everett. D’où la circulation (surtout dans le monde anglo-saxon) de toutes sortes de considérations métaphysiques sur le « compatibilisme » dur ou mou du libre arbitre avec le déterminisme scientifique.

Mais ce positionnement dans un paradigme dualiste cartésien est implicite, comme si c’était une évidence pour les uns, ou comme si cela n’entrait pas en compte pour les autres. Cet implicite dualiste fait l’incomplétude des définitions du libre arbitre, d’où leur inefficience.

Libre arbitre : un concept historique « mainstream »

Un concept qui, historiquement, est un artéfact théologique des seules sociétés occidentales (cf. Wikipédia – Libre arbitre – Histoire). Un concept qui a déjà été mis à mal par de grands philosophes, dont rien moins que Spinoza, et réfuté par les neurosciences contemporaines. Mais un concept auquel beaucoup s’accrochent encore, philosophes ou même scientifiques, ou commun des humains. Parce qu’il place l’humain « seul être conscient capable d’agir par sa seule rationalité » au-dessus des autres espèces lesquelles ne feraient que suivre mécaniquement leurs déterminismes biologiques, leurs « instincts ». Et parce qu’il est le soubassement du principe de responsabilité déterminant encore aujourd’hui nos morales et nos lois.

Tentative de définition du libre arbitre dans le paradigme dualiste

Entrer dans une discussion sur le libre arbitre exigerait d’en poser une définition complète et non contradictoire, et si possible consensuelle. Mission impossible. Nous nous y sommes toutefois essayés avec la définition suivante :

Le libre arbitre serait la capacité de l’esprit conscient de s’auto-déterminer dans sa volition (volonté d’action) indépendamment des interactions de la matière
(Est défini comme conscient ce qui est rapportable à autrui).

Incomplétude ou contradiction : le dualisme cartésien ne sauve pas le libre arbitre

Le concept ainsi défini s’inscrit donc dans un paradigme dualiste cartésien.

Mais ceci nous fait entrer dans un cadre métaphysique, étranger à toute vérité empirique (vérité-correspondance avec la Réalité), nous cantonnant dès lors à l’incomplétude d’une vérité-cohérence construite sur le seul raisonnement logique. Or tout système logique n’est rien d’autre qu’une construction sémantique basée sur des axiomes et des règles logiques, traductions d’une causalité supputée. Et nous savons, depuis que le mathématicien Kurt Gödel offrit au monde ses fameux théorèmes d’incomplétude, que tout système logique est soit incomplet (il y manque des axiomes et certaines assertions n’y sont pas démontrables), soit contradictoire (il y a trop d’axiomes et l’on peut y démontrer une chose et son contraire).

Le concept de libre arbitre n’échappe pas à la règle, souffrant soit d’incomplétude soit de contradiction suivant les définitions qu’on lui donne. En voici un florilège :

  1. L’esprit ne pense qu’en utilisant ce dont il connaît l’existence soit par l’expérience perceptive personnelle soit collectivement à travers le langage. En effet tout langage est construit par analogies et métaphores successives à partir des briques élémentaires que sont les perceptions de l’existant connu. Et penser c’est dérouler son monologue intérieur (éventuellement accompagné des images, sons, odeurs, émotions, etc. de ses perceptions sensorielles). L’exercice de la pensée par l’esprit est donc déterminé par sa connaissance de l’existant, ce qui contredit l’auto-détermination définissant le libre arbitre.

  2. Par essence, toute action est physique, donc matérielle. La volonté d’action de l’esprit ne peut donc s’appliquer qu’à la matière extérieure, que celle-ci concerne le corps (comme vouloir lever la main) ou son environnement. Or toute action est une interaction, sur laquelle l’esprit ne peut, par définition, avoir l’absolu contrôle.

  3. Se déterminer à agir suppose non seulement qu’il y ait plusieurs choix (le non choix étant également un choix) mais aussi qu’il y ait des informations décisives pour le sujet sur chacune de ses possibilités de choix. Ce qui conduit aux contradictions suivantes :

    1. soit il n’y a pas d’informations décisives et le choix devient l’équivalent d’un tirage au sort : le sujet se livre alors au le hasard, lequel est par définition indéterministe ce qui est contraire à la définition du libre arbitre comme capacité d’auto-détermination ;

    2. soit il y a des informations décisives et alors le choix optimal pour le sujet devient le choix obligé : le sujet est déterminé par ces informations décisives, forcément d’origine extérieure dont il dispose, ce qui est contraire à l’auto-détermination du libre arbitre ;

    3. pour qu’il y ait auto-détermination, il faudrait que les informations soient d’origine intérieure (qu’elles n’aient pas été acquises) ce qui supposerait l’omniscience du sujet. Outre son manque de réalisme, cette hypothèse impliquerait que tous les sujets possédant cette omniscience agissent pareillement parce qu’il n’y aurait alors qu’une réponse unique, déterminée par la réalité du Monde, contraire à la définition du libre arbitre.

  4. Pour pouvoir choisir en fonction des informations extérieures disponibles, le sujet doit de plus pouvoir passer ces informations au crible de ses critères de valeur personnels. Ces critères personnels constituent, de fait, ses déterminismes internes, ceux qui dirigent son action. La question est alors d’en connaître la genèse :

    1. par l’expérience : ce serait là l’intervention du monde matériel externe

    2. par transcendance : le sujet est donc contrôlé extérieurement par cette transcendance

    3. par auto-construction progressive : ce mécanisme pourrait celui de l’évolution et de la sélection des espèces. Il suppose une part de hasard générateur et de sélection par les contraintes externes.

      ces trois cas contredisent l’auto-détermination de l’esprit défini par le concept de libre arbitre.

Le dualisme cartésien ne sauve pas le libre arbitre.

Le libre arbitre serait un qualia ?

Pourtant tout un chacun éprouve communément cette illusion de libre arbitre :

« Le libre arbitre est l’illusion que je contrôle totalement ma pensée et mes décisions. Que je peux les conduire où je veux, où il me vient, et si je le veux. L’illusion d’une omnipotence de la pensée identifiée à ce « je« . Un « je » sans déterminismes. »

Le libre arbitre serait-il donc un qualia, comme la vision des couleurs, l’odeur du café ou le goût du chocolat ?

Le libre arbitre n’a pas d’existence matérielle

Il est des questions qui n’ont pas de réponse dans leur paradigme. Que l’on change de paradigme et ces questions ne se posent plus. Non parce que des réponses leur y auront été trouvées mais parce qu’elles n’y ont alors plus de sens. La sempiternelle question du libre-arbitre est de celles-là.

Le concept de libre arbitre est incompatible avec le paradigme du matérialisme scientifique dans lequel tous les phénomènes, y compris nos pensées, décisions et actions sont matérielles, et sont le résultat du hasard et de la nécessité : hasard qui n’est pas, soulignons-le, le libre arbitre, et nécessité qui est le déterminisme des lois de la Nature, antinomique du libre arbitre, non déterministe par définition.

Le matérialisme scientifique signe la fin de la discussion ontologique sur le libre arbitre.

Le lecteur matérialiste pressé saura dès lors qu’il peut sauter directement au dernier chapitre « Vivre sans l’illusion du libre arbitre ».

Nous sommes des machines neuronales…[2]

Les neurosciences valident empiriquement (c’est la vérité-correspondance avec la Réalité) la représentation matérialiste du fonctionnement de notre système nerveux en général et de notre pensée en particulier.

L’imagerie cérébrale nous montre notamment comment les stimuli engendrés par nos perceptions se propagent et se répandent en cascade sur notre réseau neuronal, activant des populations entières de neurones, lesquelles vont agir sur nos glandes et muscles et produire nos comportements divers : pensées, émotions, mémorisations, actions…

C’est ainsi que les outils des neuroscientifiques permettent de corréler l’observation de l’activité neuronale aux pensées et actions du sujet sous examen, permettant même de « lire » sa pensée (cf. Wikipedia – Brain reading [8]). Et inversement l’activation externe de neurones spécifiques induit, chez le sujet sous expérience, pensées et actions prédéterminées. [7]

Notre pensée est bien matérielle. Observable et manipulable extérieurement.

Les mécanismes de la décision décrits par les neurosciences

Des décisions, fruits du hasard et de la nécessité

Tout ce qui existe dans l’Univers est le fruit du hasard et de la nécessité.

Démocrite

Il est une caractéristique extraordinairement commune à tous les phénomènes biologiques, celle d’être les fruits du hasard et de la nécessité ; hasard explorateur de tous les possibles et nécessité sélectionnant ce qui fonctionne (Cf. le célèbre essai du biologiste et prix Nobel Jacques Monod : « Le hasard et la nécessité ».) Ces mécanismes sont bien connus lorsqu’ils sont à l’œuvre dans l’évolution et la sélection darwiniennes des espèces. Ils sont moins connus, mais tout aussi opérants dans le cadre qui nous occupe ici de la formation et du fonctionnement de nos circuits neuronaux de la décision. Ce que le neurobiologiste Gerald M. Edelman appelait « Darwinisme neuronal » [3].

La figure suivante dessine quelques unes des étapes participant à la construction de notre système neuronal de la décision, sous l’angle du hasard et de la nécessité :

Le hasard et la nécessité dans la construction phylogénétique et ontogénique de nos décisions

Chacune de ces étapes est décrite plus précisément dans les sous-titres qui suivent. Le lecteur pourra passer directement au titre suivant.

Morphogenèse

Pendant l’embryogenèse, les cellules neuronales se multiplient, croissent, se touchent, s’enflamment et s’interconnectent au hasard de leurs rencontres. D’autres, celles qui ne rentrent pas dans le schéma général génétique, meurent. Les variations épigéniques des schémas de connexion entre les neurones créent des millions de groupes neuronaux associés aux différents organes, et supports des futures fonctions et processus neuronaux. Parmi ces futures fonctions sont les boucles cortico-thalamiques formant les bascules des circuits de la décision. Deux individus distincts, même génétiquement identiques (comme deux jumeaux homozygotes), n’auront pas le même réseau neuronal fonctionnel.

À la naissance, les bébés ont un système neuronal très densément interconnecté, mais avec peu de chemins préférentiels susceptibles de déterminer des comportements cohérents en réponse aux stimuli des perceptions. Ceux là vont se former pendant la phase d’apprentissage.

Apprentissages :

des circuits de la décision aléatoires [5] [6]

Le neurobiologiste Thomas Boraud décrit les circuits neuronaux de la décision comme constitués de boucles cortico-thalamiques (cortex – sous-cortex – thalamus) pouvant activer ou inhiber l’un ou l’autre des nombreux groupes concurrents de neurones qui leur sont connectés et déterminant, ce faisant, les comportements spécifiques associés.

La sélection de l’un de ces groupes /comportements en lieu et place des autres résulte d’un effet de bascule : l’activation de certains neurones va 1) d’une part être renforcée par une rétroaction positive et 2) d’autre part inhiber l’activation des autres neurones concurrents.

L’instant et le côté du basculement sont, par contre, liés d’une part au bruit intrinsèque des connexions neuronales, et d’autre part à la succession contingente des stimuli afférents, et sont aléatoires.

Le corps influence la décision en faveur de ce qui est bon pour lui [5] [6]

Le corps va piper ce hasard. La satisfaction de ses besoins biologiques – de son homéostasie – va activer des neurones dopaminergiques, lesquels vont libérer de la dopamine au niveau des bascules de décision. Cette dopamine va avoir pour effet de renforcer celles des connexions neuronales alors activées, donnant ainsi un avantage compétitif à la population de neurones ayant produit ce comportement bénéfique. [5], [6] (Notons que c’est le corps qui commande comme l’ont démontré les travaux du neuroscientifique Antonio Damasio.)

Au fur et à mesure des expériences, les comportements les plus bénéfiques pour le corps seront ainsi renforcés par la dopamine et deviendront statistiquement de plus en plus prédominants.

Une sélection des comportements suboptimale [5] [6]

Il n’en restera pas moins que les comportements ne seront jamais totalement optimaux, même à l’issue de ces périodes d’apprentissage. À cause du bruit intrinsèque des connexions neuronales, il restera toujours une part d’aléatoire dans la sélection des comportements.

Ceci est en correspondance avec les résultats expérimentaux sur les comportements animaux ou humains, alternant comportements d’exploitation du connu et comportements d’exploration de pistes nouvelles. Nous avons tous vécu cette expérience d’avoir, un jour, eu un comportement qui ne nous ressemblait pas : « je ne sais pas ce qui m’a pris ! »

Automatismes : heuristiques stéréotypés et leurs biais [5] [6]

Les comportements sélectionnés par les apprentissages précédemment décrits vont progressivement constituer tout un catalogue (éthogramme) de comportements de base automatisés – des heuristiques de jugement – auxquels se conformeront préférentiellement les décisions dans les circonstances courantes.

Ces heuristiques présentent l’avantage de décisions rapides, automatiques, consommant moins d’énergie mais au prix de comportements stéréotypées, non finement adaptés. Et, parce qu’elles ont été « bricolées » par les expériences de vie, elles présentent de sérieux biais cognitifs.

Des comportements difficiles à corriger (que l’on pense aux addictions diverses !) car la programmation en est relativement pérenne. Il y faudra pour cela changer brutalement d’environnement pour rendre inopérantes les heuristiques et forcer à repartir sur de nouveaux apprentissages.

Planification : Les cartes neuronales de l’anticipation

Notre cerveau construit au fur et à mesure de nos expériences une représentation de notre Réalité, sous la forme de ce que Gerald Edelman appelle des cartes neuronales, [3] interconnectant et concaténant toutes nos cognitions : souvenirs, savoir-faire, émotions, et… heuristiques. Des millions de cartes appelant d’autres millions de cartes.

Les perceptions vont situer le sujet sur ces cartes neuronales, et déclencher une promenade automatique sur le territoire de ses cognitions en tirant les fils au fur et à mesure pour appeler les heuristiques, le souvenir de situations analogues ou pouvant avoir un lien avec la situation présente, faire se succéder les souvenirs de plusieurs actions semblables et leurs résultats, etc.

C’est à partir de cette promenade sur ses cartes neuronales que notre cerveau, par analogie :

  • sélectionne l’action la plus profitable selon le moment et le lieu,
  • anticipe les événements ou les comportements d’autrui,
  • planifie le futur de ses propres actions par la concaténation et l’exploration d’alternatives comparables vécues.

Les deux voies de la décision

Nous aurons donc deux types de décisions :

  • adaptatives, lentes, et consommatrices d’énergie, dans le cas des situations peu courantes impliquant la suite des apprentissages ;
  • automatisées, stéréotypées et rapides, peu consommatrices d’énergie, mais suboptimales, par heuristiques, dans le cas des situations courantes.

L’illusion du libre arbitre est créée par la conscience

La conscience de la décision sans celle de ses déterminismes

Comment un concept, matériellement et logiquement faux, à ranger dans le domaine de la croyance, continue-t-il malgré tout à faire partie des fondements de nos sociétés occidentales ?

La plus grande partie du fonctionnement de notre corps-cerveau est non conscient. Seules certaines de nos pensées et actions émergent à la conscience. Mais elles y débarquent dépouillées de tout le processus les ayant produites. D’où cette illusion de penser librement et de prendre nos décisions au pied levé, indépendamment de tout lien causal.

Ce faisant, je m’identifie alors à un pur esprit omnipotent qui habiterait et contrôlerait ce corps (mon corps) dont la contrainte sur cet esprit – c’est à dire sur moi – ne serait que physique. D’ailleurs les automatismes de ce corps, non contrôlés par mon esprit – c’est à dire par moi – sont hors de ma conscience tels ceux d’un corps étranger.

Mais les expériences neuroscientifiques, notamment celles de Benjamin Libet (1983), Patrick Haggard (2008), John-Dylan Haynes (2008), Itzhak Fried (2011), Chun Siong Soon (2013), confirment que le cerveau prépare l’action bien avant la décision consciente de celle-ci (entre quelques fractions de seconde et plusieurs secondes avant !). [7] [9]

Quand à nos raisonnements conscients tournant dans nos têtes et censés conduire à nos décisions, nous savons que ce ne sont que des verbalisation acquises, déclenchées après coup par les heuristiques de jugement ayant construit non consciemment nos décisions. Et d’autres expériences neuropsychologiques montrent même que la conscience s’attribue et justifie après coup des choix émanant en réalité d’un acteur extérieur ou des actes provoqués de manière artificielle au moyen d’électrodes implantées dans le cerveau ! Notre conscience nous trompe pour réduire nos dissonances cognitives.

Le film non contrôlé de nos pensées

Notre cerveau effectue simultanément (en parallèle) une considérable quantité d’opérations : perceptions diverses, activations, secrétions, mémorisations, remémorations, décisions, actions, etc. Mais, et chacun pourra le constater :

  • Notre pensée consciente est uniquement sensorielle, composée d’images, sons, odeurs, touchers, sensations corporelles, émotions,… qu’ils proviennent de perceptions immédiates ou remémorées, auxquels s’ajoute un monologue intérieur avec le son de notre voix.
  • Cette pensée consciente a la forme d’une succession continue de scénettes de vie de quelques fractions de seconde chacune comme si nous assistions en spectateurs au film de notre vie.
  • Certaines de ces scénettes se rapportent à des perceptions immédiates, d’autres sont des représentations virtuelles construites par le cerveau à partir de remémorations. Mais toutes sont homogènes, unitaires, entières, simplifiées, réductrices : vous ne pouvez par exemple pas avoir dans une même scénette la perception attentive d’un signal de votre estomac et l’écoute de votre interlocuteur ; l’un supplante l’autre. Même une rage de dents pourra être par instants masquée par une autre pensée. Ces scénettes ne représentent donc pas la totalité des perceptions traitées par le cerveau à chaque instant mais une sélection de celles-ci.
  • Nous n’avons pas réellement le contrôle de l’objet et de la succession de ces scénettes lesquelles s’interrompent brutalement l’une l’autre : vous êtes en train d’écouter votre interlocuteur et votre attention se porte soudain sur cet objet bizarre sur son bureau, ou sur la forme de ses lunettes ; la voix de votre interlocuteur ne vous a pas sitôt rappelé à elle qu’un mot prononcé fait remonter des souvenirs à votre esprit ; souvenirs que viendront interrompre un bruit extérieur, puis le signal de faim envoyé par votre estomac, ou le soudain rappel d’une course à faire tout à l’heure…
Le film de notre conscience
Le film de nos pensées conscientes

Ce constat, commun pour qui est capable d’auto-analyse, confirme que la « conscience » n’est pas le système directeur de nos décisions mais en est la publication du résultat. Ce qui fait dire au philosophe Peter Carruthers qu’il n’y a pas de raison consciente (« There is No such Thing as Conscious Thought »).

Désencombrons nous donc de toutes les assertions métaphysiques du mot conscience (esprit, âme, etc.) et pour cela basons-nous sur sa définition empirique, celle utilisée par les neuroscientifiques : Est conscient ce que l’on peut rapporter (relater). C’est le critère dit de rapportabilité.

Remarquons que n’est pas ainsi définie la conscience mais son objet : le conscient. C’est là l’indication qu’il n’a pas été identifié un organe conscience ni même une fonction conscience. La conscience de… (ce qui peut être rapporté) est un qualia (expérience sensible subjective), tout comme la vision des couleurs, l’odeur du café ou le goût du chocolat. Elle émerge du fonctionnement cérébral général.

L’utilité du conscient est dans l’échange social

Notre pensée consciente, qui pourrait sembler un épiphénomène, n’en a pas moins son utilité, liée justement à ce caractère de rapportabilité joint à nos capacités de verbalisation et à notre socialisation, en permettant :

  • la construction d’une identité porteuse d’une histoire individuelle racontable et d’intentionnalités, permettant l’anticipation des réactions des uns et des autres,
  • la construction d’identités et d’intentionnalités collectives partageables, permettant la coopération
  • l’échange des connaissances,
  • la construction des savoirs collectifs,
  • la construction et le partage collectif de logiques de raisonnement qui viendront s’inclure, dans les heuristiques de jugement automatiques non conscientes,
  • etc.

Ces éléments participent à nos décisions automatiques en alimentant nos cognitions portées par nos cartes neuronales.

Vivre sans l’illusion du libre arbitre

Liberté ?

Naître gagnant
La liberté d’avant les apprentissages

Il n’y a pas de libre arbitre. Et notre liberté se mesure aux opportunités et capacités qui nous sont offertes d’accomplir nos déterminismes (cf. « La liberté est une dialectique »)

Et pourtant il nous arrive de ressentir un sentiment viscéral de liberté face à l’immensité de l’océan, ou face au paysage grandiose depuis le sommet d’une montagne, ou roulant sur la route, droit devant nous, sans destination précise…

La liberté ainsi ressentie, c’est l’ouverture. Vers l’inconnu, une autre vie, l’aventure…

Vous avez dit « l’aventure » ?La liberté c’est de redonner une place au hasard dans nos décisions.
(Ceci explique sans doute la confusion fréquente entre hasard et libre arbitre).
Et cela peut se produire lorsque, par une décision suboptimale, nous nous trouvons placés dans une situation ou un environnement nouveaux dans lesquels nos heuristiques de jugement ne sont plus opérantes. Nous nous débarrassons alors de conditionnements devenus pesants pour entamer de nouveaux apprentissages, faisant ainsi la part belle au hasard. …Le temps de contracter de nouvelles habitudes…

Cela a un certain coût et n’est pas sans risques, bien entendu.

Identité ?

Nous nous identifions généralement à ce problématique esprit, auteur de notre pensée consciente. Ce que philosophes, psychanalystes, ou psychologues appellent le « moi ». Un moi conscient à la pensée illusoirement omnipotente que la plupart n’accepteront pas de jeter avec leur croyance au libre arbitre.

Il s’agit pourtant là d’une illusion extrêmement réductrice.

Rappelons la réalité des observations empiriques : notre cerveau traite efficacement une grande quantité d’informations de manière automatique et non consciente et seul émerge à notre conscience un film très fragmentaire, non contrôlé, composé de perceptions sensorielles successives (images, sons, odeurs, sensations, émotions) immédiates ou reconstituées, ainsi que de fragments d’un monologue intérieur. Nous sommes donc capables de percevoir consciemment la pulsion de la décision et les sensations de l’action, mais sans les mécanismes causaux y ayant conduit. D’où cette illusion de libre spontanéité de nos décisions.

Savoir ce fonctionnement nous libère de cette illusion, et nous permet d’élargir le périmètre de notre identité au delà de ce moi conscient tout en lui donnant une consistance matérielle :

Cette identité est la globalité de notre corps-cerveau-environnement continuellement forgé par les interactions de nos expériences de vie. C’est le concept d’énaction.

Car oui, notre corps et ses caractéristiques, ses capacités, ses besoins, déterminent nos comportements. Et car oui, notre environnement, qu’il soit physique ou social, avec ses opportunités et ses contraintes, nous détermine autant que nous avons nous mêmes contribué à le façonner par nos choix et nos actions. C’est bien notre corps-cerveau-environnement qui agit en interagissant (toute action est interaction) et qui exprime ainsi son identité. Laquelle sera perçue comme telle par le regard extérieur : celui-ci nous identifiera en effet dans une globalité incluant notre environnement matériel (maison, voiture, activités…) et social (famille, amis, fréquentations, position sociale…).

Savoir consciemment cela, intègrera cette identité globale dans nos heuristiques de jugement.

Sens ?

Notre moi conscient ayant l’impression de décider spontanément, sans cause antérieure, nous cherchons généralement à donner du « sens » à nos vies, nommant ainsi le principe général supérieur (la cause finale d’Aristote), censé motiver nos actions et leur donner une cohérence générale, rapportable à soi-même et à autrui. Et, ironie, au nom du libre arbitre, nous nous accordons souvent la liberté de ne pas nous conformer au sens que nous voulons donner – librement croyons nous – à nos existences. C’est bien parce que tout cela …n’a pas de sens !

Il y a bien des déterminismes à nos actions. Les uns, phylogénétiques, sont hérités de l’évolution des espèces : maintien des équilibres homéostatiques de notre corps, reproduction, survie, etc. Les autres, ontogénétiques, sont issus de notre programmation par nos expériences de vie : cognition, connaissances et savoirs, éducation, mœurs familiales et sociales, etc. Et, comme nombre des impératifs qui en découlent sont contradictoires, nos décisions vont résulter de la compétition de populations de neurones correspondant à ces impératifs, et nous n’en accomplirons pas la totalité.

Le sens que nous voulons attribuer à nos vies n’est qu’une verbalisation consciente résultant de décisions du moment. Une histoire que l’on se raconte et que l’on raconte. Et lorsque ces bonnes intentions ne seront pas respectées, d’autres verbalisations conscientes assumeront la réduction de la dissonance cognitive, vis à vis de notre moi conscient et vis à vis d’autrui.

Avec l’abandon du concept de libre arbitre, ce que nous perdons n’était qu’une illusion : celle de croire à notre liberté dans la détermination du sens de notre vie.

Ce que nous gagnons par contre c’est la vérité de nos motivations, leur correspondance avec la réalité de ce que nous sommes.

Responsabilité ?

Responsabilité
La responsabilité sociale d’un individu est liée à sa capacité à évaluer les conséquences de ses actions.

Le cerveau décide automatiquement à partir de ses perceptions parmi lesquelles sont les émotions traduisant ses différentes motivations positives et négatives. Il le fait soit de manière stéréotypée dans les cas simples habituels par ses heuristiques de jugement acquises, soit, dans les cas nouveaux, en procédant à des simulations virtuelles lui permettant d’évaluer les conséquences et les bénéfices de l’une ou l’autre des alternatives. Certaines images et émotions liées de ces simulations peuvent alors émerger sporadiquement à la conscience en mode rêverie (dit mode par défaut du cerveau).

Cette évaluation des conséquences recouvre l’estimation des contingences liées aux autres phénomènes extérieurs possibles ainsi que l’impact social et son possible retour positif ou négatif (justice, morale, éthique, réputation, reconnaissance sociale, etc.).

Que change pour un individu le fait de savoir que la construction de ses décisions est non consciente, que seule est consciente la pulsion de l’action ? Rien sinon que son cerveau intégrera cette nouvelle connaissance dans ses heuristiques de jugement et en sera sans doute plus prudent.

Que change pour la justice et les institutions judiciaires le fait de savoir que les décisions des judiciables sont non conscientes et que seules arrivent à la conscience la pulsion de l’action ?

Pour le dire rapidement, l’un des objectifs de la justice est de dissuader d’accomplir des actions délictueuses en faisant en sorte que les conséquences prévisibles en deviennent négatives par rapport aux autres motivations. Cependant, comme nous le savons et pour toutes sortes de raisons, l’application des peines n’est ni uniforme, ni automatique et la justice évalue 1) le niveau des conséquences et 2) la part à attribuer aux phénomènes extérieurs 3) le niveau de connaissance que pouvait avoir le délinquant sur les conséquences de ses actes ce qui détermine son niveau de responsabilité propre. Or le niveau de connaissance global, celui intervenant dans la décision, est souvent plus important que le seul niveau conscient. La justice devrait-elle donc être plus sévère dans son appréciation de la responsabilité du justiciable ? Ou simplement s’en tenir à l’évaluation objective de l’étendue, tant non consciente que consciente, de cette connaissance en ne se limitant pas aux dires des accusés ? Rien de nouveau en fait.

Conclusion : le principe de vérité

Il est des voix pour clamer que le concept de libre arbitre est auto-réalisateur et utile à nos sociétés car il déterminerait la responsabilisation des individus et leur activisme social. C’est comme de dire que la croyance en l’existence divine déterminerait le civisme des comportements : nous savons malheureusement ce qu’il en est, et cette simple analogie montre l’inanité de la première assertion.

Nous sommes, quant à nous, en faveur du principe de vérité : les individus et l’espèce ont tout à gagner à ce que leurs représentations du Monde soient aussi près que possible de la Réalité. C’est ce à quoi contribue la Science en se basant sur la vérité empirique. (Cf. cet article: « Un brin d’épistémologie ».)

Admettre enfin l’inexistence du libre arbitre nous positionne dans le réel, et nous révèle que notre identité y est matérielle et bien plus étendue que nous le pensions.

Et contradictoirement, cette connaissance (et prise de conscience) nous dévoile l’étendue de notre liberté en termes de capacités d’action et d’abandon de nos auto-conditionnements. En même temps elle permet de consacrer nos efforts à nos réelles motivations, les plus fortes, celles émergeant de nos déterminismes biologiques.

Le réel, c’est quand on se cogne.

Jacques Lacan

Références :

  1. The Lucretian swerve: The biological basis of human behavior and the criminal justice system – Anthony R. Cashmore – Proceedings of the National Academy of Sciences Mar 2010, 107 (10) 4499-4504; DOI: 10.1073/pnas.0915161107
  2. Jean-Pierre Changeux – « L’homme neuronal » – 1983 (ISBN 2213012474 et 978-2213012476)
  3. Neural darwinism – Wikipédia.
  4. Extraneous factors in judicial decisions – Shai Danziger, Jonathan Levav, Liora Avnaim-Pesso – Proceedings of the National Academy of Sciences – Apr 2011, 108 (17) 6889-6892; DOI: 10.1073 /pnas.1018033108
  5. Thomas Boraud – « Matière à décision » – 2015 – CNRS Editions Paris – ISBN 978-2-271-11770-0
  6. Thomas Boraud, Arthur Leblois, Nicolas Rougier. A Natural History of Skills. Progress in Neurobiology, Elsevier, 2018, 171, pp.114-124. ff10.1016 /j.pneu
  7. Neuroscience of free will – Wikipedia
  8. Brain reading – Wikipedia
  9. Le blog du cerveau à tous les niveaux – La question du libre arbitre

3 réflexions sur “En finir avec le Libre-arbitre

  1. Cela fait déjà quelques temps et publications que Joseph s’acharne avec méthode et force logique à vouloir nous démontrer que nous ne sommes que des systèmes entièrement dépendant des lois de la physique et de la biologie. Nous le savions déjà. La question est/ pourquoi cet acharnement ? Ne serait ce pas à contrario du but annoncé de remonter à Dieu par ses voies impénétrables. Vérité scientifique aujourd’hui ne le sera plus demain. Ne sommes nous déjà pas conditionnés par la logique formelle des mathématiques construisant notre système de pensée. Faut-il rejeter tout autre forme de pensée qui n’en serait pas la résultante ? Maimonide, Averroès et puis Saint Thomas d’Aquin ont considéré que la Raison et la recherche scientifique n’était pas incompatible avec la foi et donc avec une pensée subjective base de toute spiritualité sans renier ce qui est la loi naturelle. Il est tout de même intéressant que Joseph se risque à aller à contresens de la doxa sociétale actuelle remettant en cause les différences naturelle de sexe, d’espèce, de culture etc…

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  2. Suite… Mais ce contresens apparent en est-il vraiment un. Ne voyons nous pas justement la progrès et la science érigés en ultime religion. Après avoir détruit le catholicisme et bientôt l’islam, les loges maçonniques travaillent à une société dont les avatars en « isme » (féminisme, LGBTisme, transhumanisme, réchauffisme, véganisme…) travaillent à la déconstruction des sociétés traditionnelles et des nations pour la gouvernance mondiale d’un monde indifférencié (peuples sans racines, sans histoires, sans filiations, croyances et identités propres). Fais attention Joseph la ruse du diable est de faire en sorte que l’on y croit pas.
    Les sociétés traditionnelles ou antiques faisaient coexister en harmonie deux mondes; Le monde réel et le supramonde. Il n’y avait pas d’antagonisme entre les deux. N’est ce pas au fond la sagesse. Que nous importe de savoir de quoi nous sommes constitués (si ce n’est pour notre confort de vie). L’essentiel n’est-il pas de vivre en harmonie avec la nature, les autres et bien sur soi-même. Et puis de la même manière que Dieu s’amuse à épaissir les mystères de la vie au fur et à mesure de nos découvertes, qui nous dit que l’une d’entre elle ne remettra pas complètement en cause les principes sur lesquels se sont bâties nos connaissances et nos nouvelles croyances profanes.

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