"The Key in the Hand" - Installation de Chiharu Shiota

Les clés du futur de Chiharu Shiota

 

« The Key in the Hand »

À la Biennale de Venise 2015, pavillon du Japon. l’artiste japonaise Chiharu Shiota présenta une splendide installation, très poétique et symbolique, intitulée « The Key in the Hand » (La clé dans la main). On peut encore aujourd’hui explorer virtuellement cette installation grâce à cette vidéo filmée par Sergey Khodakovskiy :

On y parcourt, au long des salles et recoins transformés en grotte enchantée, le flot tumultueux d’un flamboyant nuage rouge, aux multiples ramifications affluant pour venir se jeter dans deux grandes barques au sol. De près, ce nuage est fait de fines cordelettes rouges, tendues, liées, mêlées, auxquelles sont accrochées, telles des stalactites, quantité de vieilles clés.

"The Key in Hand" - Detail - Installation de Chiharu Shiota à la Biennale de Venise 2015
« The Key in the Hand » – Détail – Installation de Chiharu Shiota à la Biennale de Venise 2015

Les clés du futur sont nos mémoires

Chacun pourra spéculer sur le sens de l’œuvre et lui attribuer, comme il se doit, son interprétation à partir de ses propres émotions, vécus, connaissances. L’œuvre est poétique et suffisamment vaste de sens. Toutefois Chiharu Chiota nous dévoile sa propre clé de l’œuvre dans cette interview :

L’installation utilise environ 180 000 clés venant du monde entier et offertes à l’artiste avec souvent un message intime. Ces clés symbolisent chacune un être humain, à la fois par leur forme et par la mémoire dont elles sont porteuses. Les barques sont les paumes des deux mains. Elles reçoivent le flot de toutes ces mémoires interconnectées ensemble et c’est ce flot qui va permettre aux barques de s’élever vers le futur. Pour résumer son propos, les clés du futur sont entre nos mains, ce sont les mémoires interconnectées de tous les humains. Perdre une clé c’est perdre une part de mémoire et le futur ne peut pas s’envisager sans la mémoire du passé.

Chiharu Shiota a pour habitude d’explorer les relations entre le passé – représenté par l’utilisation d’objets usagés porteurs d’un vécu intime – et le présent. Elle y ajoute une dimension onirique par le tissage de véritables toiles d’araignée complexes et impénétrables. ( voir Wikipédia ou le site de l’artiste ).

Penser par l’Art

Pourquoi cette information datant de 2015 ? Parce qu’elle tire les fils de questionnements très présents dans notre ère de l’anthropocène, tels que l’interconnexion des vécus individuels intimes sur les réseaux sociaux, l’individuation,  la place à donner au passé… Et qu’elle le fait par une œuvre d’art, c’est à dire par une action générant des émotions. Et nous savons, depuis les travaux du neuroscientifique Antonio Damasio ( « L’erreur de Descartes : la raison des émotions »- 1995 ) qu’il n’y a pas de raison sans émotions. Ce sont les émotions suscitées par l’œuvre d’art qui vont activer nos circuits cognitifs, lesquels vont tirer les fils de nos mémoires, établir les liens, générer des conclusions intermédiaires, etc. pour construire ainsi, au fil de l’eau, nos connaissances et la motivation de nos actions.

 

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